La chute du metical affaiblit l’économie
La CTA, en partenariat avec l’Association Mozambicaine des Économistes (AMECON) a organisé le 30 avril un débat sur «Les récentes fluctuations des devises au Mozambique: les déterminants, les impacts et les implications politiques».
La réunion a rassemblé des économistes pour réfléchir sur la fluctuation des devises au Mozambique et ses effets sur l’économie.
Depuis l’été dernier, le metical souffre d’une forte dépréciation face au dollar américain, actuellement négocié au-dessus de 35 meticais dans les banques commerciales contre l’habituel cours de 30, entrainant des conséquences graves pour le secteur privé.
Actuellement, dans notre économie, hormis l’effet de levier bénéfique pour les exportateurs qui n’utilisent pas d’intrants importés dans leur production, la dévalorisation du metical réduit considérablement la valeur de devises disponibles, une fois que l’exportateur (ici entité vendeuse de services et produits sur le marché international, investisseur étranger ou bailleur de fonds internationaux) aura besoin de moins d’argent pour payer ses dépenses en monnaie locale (paiement des impôts et des salaires des travailleurs nationaux et autres charges).
La dépréciation du metical n’attire pas immédiatement des entrées de devises dans le pays, car celui-ci ne possède pas assez d’actifs nets négociables en bourse, attractifs pour les investisseurs étrangers. La dépréciation du metical oblige également les sociétés enregistrées au Mozambique à reclasser leurs actifs et passifs, afin de refléter la valeur réelle des items inscrits dans les bilans et plans de résultats.
L’intervention de la Banque du Mozambique est importante, non seulement dans les opérations de change (ventes et achats), mais aussi dans les mesures d’intervention pour réguler le marché des changes. Il est nécessaire d’avertir les acteurs du marché (exportateurs, importateurs et banques commerciales) que, à tout moment, la Banque du Mozambique peut prendre des mesures juridiques appropriées pour corriger les tendances spéculatives du marché, en tenant compte de la particularité de l’économie du pays. La dépréciation du metical, dans le cas du Mozambique, ne conduit pas à davantage d’entrées de devises pour le pays. Elle peut même signifier moins de dollars disponibles sur le marché, vu qu’il se convertira moins de devises pour obtenir la même quantité de meticais. D’autre part, en raison de l’incapacité de substitution immédiate des importations par la production nationale, la demande pour les devises étrangères restera identique, aggravant ainsi la position du metical, si la Banque du Mozambique ne contredit pas ces expectatives.